La FIJ demande aux journalistes tunisiens de remettre en question le contrôle politique des médias

Dans la perspective des élections législatives et présidentielles qui vont avoir lieu dans moins d’un mois, la Fédération Internationale des Journalistes a appelé les journalistes tunisiens à combattre les menaces gouvernementales et politiques qui planent sur la liberté de la presse.

Le Secrétaire Général de la FIJ, Aidan White, a déclaré aux 400 journalistes présents lors du 22ème Congrès de l'Association des journalistes tunisiens (AJT) à Tunis ce dimanche, que la pression continue du gouvernement du Président Zine El Abidine Ben Ali menace la liberté d’expression et les droits de l'homme et "endommage sérieusement l'image du journalisme tunisien."

"Nous devons envoyer un message clair à ceux qui ont le pouvoir, rappelant que le journalisme doit être exempt de toute forme de contrôle politique", a-t-il déclaré.

La FIJ a envoyé en Tunisie une mission de haut rang, composée de journalistes chevronnés, pour rencontrer les journalistes tunisiens et encourager des changements dans l'AJT. Cette organisation a été suspendue par les dirigeants de la FIJ l’année dernière suite à la décision de l'association d’attribuer un prix pour la liberté de la presse au Président Ben Ali.

Les autres membres de la mission font partie du comité exécutif de la FIJ : Paolo Serventi Longhi, Secrétaire Général de la Federazione Nazionale Della Stampa Italiana; Khady Cissé, chargée des affaires internationales au syndicat sénégalais des journalistes SYNPICS, et Ulrich Remmel, Vice-président de l'association des journalistes allemands DJV.

Dans son intervention, Aidan White a accusé les dirigeants politiques en Tunisie et ailleurs de créer un monde de l’information rempli de "malhonnêteté, de duperie et de mensonge." Les Tunisiens se rendront aux urnes le dimanche 24 octobre.

"Nous devons séparer les médias des gouvernements et des groupes politiques, et nous devons nous opposer à toute ingérence rédactionnelle quel que soit l’endroit et le moment", a-t-il déclaré.

Il a ajouté que même les gouvernements les plus démocratiques exercent une pression anormale sur les médias, en citant l'exemple de la campagne "féroce" du gouvernement britannique l'année dernière contre la BBC lors des reportages sur la guerre en Irak. Aux Etats-Unis également le climat politique a mené à l’autocensure et a forcé des journaux tels que le New York Times et le Washington Post à faire des excuses aux lecteurs pour ne pas avoir posé les questions pertinentes à l’administration Bush durant la période qui a précédé l'invasion de l'Irak.

"Les conséquences de l’autocensure sont terribles et c'est un problème par trop évident ici en Tunisie," a déclaré Aidan White.

La mission de la FIJ rencontre des groupes de droits de l'homme, des dirigeants de médias et les dirigeants d'un syndicat de journalistes récemment créé. Un rapport sur les résultats de la visite sera présenté lors de la réunion du comité exécutif de la FIJ le mois prochain à Bruxelles.

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