La FIJ condamne l’emprisonnement d’un responsable de média au Puntland

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a condamné aujourd’hui la condamnation à une peine de 6 ans d’emprisonnement infligée par un Tribunal de Bossasso le 14 août 2010 à l’encontre d’Abdifatah Jama Mire, Directeur de Horseed Media après l’avoir déclaré coupable « d’interview et diffusion des vues de personnes combattant le gouvernement » au Puntland, une  région semi-autonome de Somalie.

“Nous condamnons cette injustice brutale  dont est victime  notre collègue”,  a déclaré Gabriel Baglo, Directeur du Bureau Afrique de la FIJ. “L’indépendance de la presse est le fondement  de la profession de journaliste et les autorités ne peuvent décréter quelles informations sont à autoriser  ou interdire  dans les medias. En outre, les voix de l’opposition doivent être entendues en démocratie. Ce jugement doit être revu.”

 

L’arrestation du Directeur fait suite à la diffusion le vendredi 13 août d’une interview du chef rebelle Mohamed Said Atom, un chef islamiste commandant  des forces qui combattent  l’administration du Puntland. Cette dernière a accusé  Abdifatah de diffuser des ’interviews de personnes qui sont contre l’administration.

 

Le Colonel Abdisalam Aflaw, Commissaire de police de la région de Bari basé à Bossasso a arrêté Abdifatah et sept autres employés  de la radio qui ont par la suite été libérés à l’exception de Mire qui est resté  en détention.

Abdifatah a comparu  devant le  Tribunal de première instance de Bossasso sans notification préalable et Mohamud Mohamed Yusuf (Shimbir), Procureur du Puntland, l’a inculpé de « d’interview et diffusion des vues de personnes combattant le gouvernement». Le procureur a également requis contre lui une peine d’emprisonnement de trois ans fermes.

 

Selon des sources locales, ni le procureur, ni  la police n’ont pu fournir de preuves crédibles  pour corroborer leurs allégations. Ils n’ont également pas permis au journaliste de disposer d’une assistance  juridique, en dépit de la requête de la Direction de Horseed Media de commettre un avocat pour le journaliste. Le Président du tribunal, le juge Farah Hassan l’a condamné à une peine de six ans de prison assortie d’une amende de 500 US$.

 

Selon le Syndicat National des Journalistes Somaliens (NUSOJ) affilié à la FIJ, l’arrestation, la détention illégale et la sentence d’emprisonnement et d’amende sont contradictoires à la charte fédérale transitoire de la Somalie en vigueur au  Puntland, à la Constitution de Puntland et aux normes internationalement reconnues de la liberté d'expression.

 

«Assurément c'est un jugement politiquement motivé pour envoyer un signal fort de la façon dont des autorités de Puntland entendent traiter le journalisme indépendant, la diversité d'opinions par  une violation brutale  de la liberté des journalistes par rapport aux questions d’intérêt public », a déclaré Omar Faruk Osman. «Notre collègue n'a violé aucune loi et nous le défendrons vigoureusement par tous les moyens en notre possession».

 

Le 15 juillet 2010, le Ministre de l’information du Puntland Abdihakin Ahmed Guled a tenu une conférence de presse à Bossasso, la cité commercial du Puntland et intimé l’ordre aux organisations de medias et aux journalistes de ne plus donner la parole aux rebelles dont les forces armées dirigées par Cheik Mohamed Said Atom, sont en guerre contre  l’Etat régional semi autonome.

Selon Guled les rebelles combattant son administration sont liés aux réseaux terroristes internationaux et a menacé de “punir sévèrement” tout journaliste ou medias qui refuserait d’obéir à cet ordre. Le Ministre a également prévenu que les forces de sécurité du Puntland prendront les « mesures appropriées » contre tout média qui diffuserait des informations sur les rebelles.

 

Le 10 août 2010, le Ministre de l’Information, des Télécommunications et de la Culture avait envoyé une lettre à Nuh Muse Birjeb, correspondant en Somali de la Voix de l’Amérique et d’Universal TV, lui ordonnant de suspendre son travail sans lui donner de raisons. 

 

La FIJ appelle les autorités du Puntland à abandonner toutes les accusations, à libérer immédiatement et sans condition le journaliste et à annuler l’interdiction d’interviewer les rebelles.

 

“Il est inacceptable de s’ingérer  dans le travail des medias. Les autorités du Puntland doivent respecter les droits des journalistes et créer un environnement qui permette aux journalistes de travailler en toute sécurité” a ajouté Baglo.

 

Pour plus d’informations contacter la FIJ au +221 33 867 95 87   

La FIJ représente plus de 600,000 journalistes à travers125 pays dans le monde entier