Intimidation des médias en Tunisie

La Tunisie est devenue le deuxième pays à signer la Déclaration sur la liberté des médias dans le monde arabe en août 2016. © SNJT

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), première organisation mondiale avec 600.000 membres, se joint à son affilié le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) qui refuse catégoriquement la décision du ministre de l’Intérieur du 3 avril 2017 d’interdire la parution du journal « Ethawra news » et ce en application des dispositions du décret de l’état d’urgence. Le Syndicat estime qu’un tel grave précédent est à même de permettre au ministère de s’immiscer dans les affaires du secteur, d’intimider les journalistes et de s’approprier les prérogatives de la justice. Le Syndicat rappelle qu’il a dénoncé dans le passé l’approche journalistique du journal pour ce qui est des affaires publiques, ses dérives professionnelles et déontologiques s’agissant notamment d’injures, d’insultes, de chantage et de divulgations de données personnelles attentant ainsi à la dignité des gens. En somme des moyens de pression utilisés par des responsables au sein des institutions de l’Etat pour exercer un chantage sur des personnes physiques et/ou morales. Une telle mesure ministérielle est prise dans un contexte politique se caractérisant par : - Des tentatives de main-mise sur les médias publiques pour les transformer en supports de propagande au profit de la coalition au pouvoir; - Le recyclage des symboles de la propagande du temps de la dictature pour s’approprier le paysage médiatique et les rouages de l’Etat dans le but final de faire échec à l’expérience démocratique et le retour à l’ère de la répression; - La marginalisation et l’appropriation de la mission des institutions constitutionnelles et principalement la HAICA Le Syndicat tient à rappeler ses prises de décision historiques; - Le refus de l’intervention du pouvoir exécutif et spécialement le ministère de l’Intérieur dans le traitement des dépassements et des fautes professionnelles dans la mesure où il n’est pas habilité à le faire. D’autant plus que ce ministère était connu pour avoir réprimé les libertés publiques et particulièrement la liberté de la presse; - La nécessité de recourir en cas de dépassements déontologiques et/ou professionnels aux décrets lois 115 et 116 et aux institutions de régulation et d’autorégulation; - Le prétexte de la lutte contre le terrorisme et la corruption pour recourir de nouveau aux anciennes pratiques de censure et de main mise ne peut en aucune manière contribuer à traiter ces phénomènes. Bien au contraire il encourage à l’émergence de médias d’allégeance et de propagande au profit des partis au pouvoir et de l’argent sale; Dès lors le SNJT demande donc au ministre de l’Intérieur de retirer sa décision arbitraire à l’encontre du journal concerné.

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