Affaire KCK Presse : « Libérez nos collègues », insiste la FEJ

Ce lundi 22 Avril, la Fédération européenne des journalistes (FEJ) et le syndicat des journalistes de Turquie (TGS), suivront les audiences dans l'affaire « KCK Presse » où 44 journalistes et travailleurs des médias sont poursuivis devant une juridiction basée au sein même de la gigantesque prison spéciale de Silivri, près d'Istanbul. Ces journalistes, dont 20 ont été relaxés tout en restant inculpés alors que 24 autres sont toujours détenus depuis décembre 2011, sont accusés d'être membres ou travaillant pour le compte d'une structure baptisée « KCK » considérée par les autorités locales comme étant « la branche urbaine » du PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan, une organisation illégale et armée).

« Nous avons déjà pu constater que la Turquie utilise ces longues périodes de détention et ces longues procédures judiciaires devant les tribunaux pour en fait punir non seulement les journalistes emprisonnés, mais aussi ceux qui ont été libérés et acquittés. La Turquie doit se mettre en cause pour sa méthode qui consiste à envoyer des journalistes critiques en prison au lieu d'utiliser les avantages de la diffusion d'une information libre pour le développement du pays », a réagi Arne König, le président de la FEJ.

La Fédération européenne des journalistes a participé à la plupart des procès de presse en Turquie pour manifester la solidarité de la profession avec les collègues emprisonnés. Elle a également appelé à plusieurs reprises les autorités turques de reconsidérer son interprétation unique de certains termes comme «terrorisme» et «propagande» car la plupart des «preuves» présentées dans les 800 pages de l'acte d'accusation (comme par exemple des entretiens téléphoniques, un compte rendu de conférence, des réunions de rédaction , des articles sur les zones de conflit) se réfèrent en fait à des activités journalistiques classiques.

L'audience du lundi 22 avril sera particulière car le procès KCK Presse redémarre alors que le gouvernement turc a lui-même récemment enclenché un dialogue politique direct avec Abdullah Öcalan, leader du PKK, en vue de trouver une solution pacifique à la question kurde. Comme les trois quarts des journalistes emprisonnés en Turquie travaillent pour des médias considérés comme pro-kurde, les conclusions d'un futur accord pourrait avoir un impact important pour les journalistes pro-kurdes travaillant dans le pays.

En plus de la FEJ et des représentants du syndicat TGS, une délégation belge de trois députés du Parlement bruxellois (Jean-Claude Defossé du parti Ecolo, Fatoumata Sidibé du FDF et André du Bus de Warnaffe du CDH), ainsi que Joachim Legatis de la Deutsche Journalistinnen-und Journalisten-Union (dju in ver.di, la filiale allemande de la FEJ) seront également présents à ce procès à Silivri.

La FEJ et le TGS appellent la communauté internationale, les institutions européennes, les médias et les associations de journalistes à prêter main forte pour mettre un terme aux violations de la liberté de presse et de la liberté d'expression en Turquie.


La FEJ est le groupe européen de la Fédération Internationale des Journalistes et représente plus de 300.000 journalistes dans 37 pays.

Pour plus d'informations, veuillez contacter la FEJ au +32 2 235 2200