Près de 100 travailleurs des médias morts en 2004 : “un niveau de brutalité sans précédent” selon la FIJ

L'attaque à la bombe du bureau de la chaîne Al Arabiya à Badgad en fin de semaine et dans laquelle un certain nombre d'employés ont été tués, puis le massacre hier du cameraman de Reuters Dhia Najim, ont confirmé que l'Irak est bien le pays le plus dangereux pour les journalistes. Ces dernières victimes portent le nombre total de travailleurs des médias morts cette année à déjà presque 100, selon la Fédération Internationale des Journalistes.

"Les journalistes et les travailleurs des médias sont victimes d’un niveau sans précédent de brutalité," a déclaré aujourd’hui Aidan White, le Secrétaire Général de la FIJ. "Nous avons besoin de plus d'action pour réduire les risques et nous avons besoin de réponses claires aux difficiles questions concernant la mort de nos collègues."

Aidan White a fait part de sa préoccupation au sujet de l'incident dans lequel Najim a été tué, apparemment aux mains d'un soldat américain. "Le secteur de l’information est la cible de manipulations terroristes et de violences à une échelle inégalée depuis des décennies, mais nous voyons également des accidents qui auraient pu être évités et nous devons savoir pourquoi ils n’ont pas été évités" a déclaré Aidan White.

Les derniers décès portent à 98 le nombre de journalistes et de travailleurs des médias tués cette année, et à 62 le nombre de ces derniers morts en Irak depuis l'invasion du pays en mars l'année dernière.

Le carnage des derniers jours a commencé jeudi dernier, quand Liqaa Abdul-Razzaq, un journaliste travaillant pour la télévision irakienne, a été abattu avec son interprète quand le taxi dans lequel elle se déplaçait a été pris pour cible. Des observateurs ont déclaré qu’il s’agissait d’une action ciblée conçue pour intimider les médias irakiens.

Samedi, des bombes ont frappé Al Arabiya, tuant sept personnes, dont cinq employés, et sept journalistes ont été blessés. L’attaque a été revendiquée par un groupe se faisant appeler les Brigades des Jihadistes martyrs.

La chaîne Al Arabiya, propriété en grande partie saoudienne, a été souvent attaquée et menacée par des militants l’accusant d’être pro-occidentale, mais depuis l'invasion de l’Irak l’année dernière, son personnel a essuyé des tirs des deux camps. Trois de ses journalistes sont morts dans des incidents impliquant des militaires américains.

Le meurtre de Dhia Najim, qui a été tué d’une seule balle, est survenu alors qu’il venait de filmer des accrochages entre militaires et insurgés, mais selon des témoins les échanges de tirs étaient finis. Aucune explication immédiate n’a été fournie sur sa mort. Des fonctionnaires américains ont déclaré qu'il a été victime d’un échange de tirs, cependant ses collègues et sa famille disent qu’il a été abattu par un tireur américain embusqué.

La FIJ indique que ce cas est le dernier à ajouter à une liste de plus d’une douzaine de cas de meurtres de travailleurs des médias non expliqués par les forces de la coalition depuis l'invasion de l'Irak. "Une nouvelle fois nous demandons pourquoi et comment notre collègue a été tué," a déclaré Aidan White. "Nous devons être certains que les journalistes ne sont pas les victimes d’un comportement insouciant ou des faiblesses de l’armée, ce qui pourrait et devrait être évité".

La FIJ projette de soulever la crise de la sécurité des journalistes lors de la réunion annuelle de l'Institut international de la sécurité de la presse (INSI), une coalition d’organisations de médias combattant pour un journalisme plus sûr, réunion qui aura lieu plus tard ce mois.

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