Pourquoi une évaluation ?

La création des instances d’autorégulation est récente en Afrique (la plus ancienne, l’OLPED, la deuxième de tout l’espace francophone, n’existe que depuis septembre 1995). Les problèmes qu’elles rencontrent aujourd’hui sont pour la plupart dus à l’inexpérience, aux bouleversements socio-politiques des années 90 qui ont vu naître de trop nombreux titres fragilisés par leur proximité avec des hommes et / ou des partis politiques, l’exiguïté des marchés nationaux des médias, et de la publicité, l’inexistence d’entreprises de presse, la gestion approximative (informelle) des médias, le manque de formation des journalistes, la précarité du métier, bref, un contexte de nature à favoriser les manquements à l’éthique et à la déontologie professionnelles. A cet ensemble de facteurs (la liste n’est pas exhaustive), s’ajoutent les difficultés financières qui menacent la pérennisation des instances.

Si l’évaluation doit permettre aux tribunaux moraux des médias de diagnostiquer leurs faiblesses afin de les corriger et, par la même occasion, de renforcer leurs points forts, l’on doit avoir à l’esprit qu’aucune thérapeutique durable n’est envisageable sans la participation soutenue de chacun de leurs bureaux, et sans l’implication entière de la majorité des professionnels. La crédibilité des membres du bureau, la rigueur dans leur travail (régularité des communiqués dans tous les médias, l’impartialité dans le traitement des saisines et auto saisines, le consensus autour des responsables de l’observatoire et des méthodes et outils de travail, etc.) et le sens de la médiation (pour les saisines) du bureau sont quelques-uns des critères dont on doit tenir grand compte.

Pour l’évaluation des instances d’autorégulation des médias, nous avons retenu une grille de onze points déclinés, chacun, en une série de questions : cette grille a été transmise aux représentants des observatoires en février dernier et plusieurs y ont répondu. Qu’ils soient ici remerciés pour leur contribution et collaboration.

Plusieurs objectifs ont guidé la rédaction de cette grille. Celle-ci ne prétend pas du reste épuiser la réflexion sur les moyens d’évaluation des observatoires. Mais elle vise plutôt à jeter les bases conceptuelles des outils (nécessairement perfectibles) d’une telle démarche rendue désormais incontournable : les tribunaux moraux des médias se sont multipliés en Afrique de l’Ouest depuis 1995, après la création de l’Observatoire de la Presse, de l’Ethique et de la Déontologie (OLPED) de Côte d’Ivoire. Huit pays sub-sahariens s’en sont dotés. L’idée de l’autorégulation des médias s’est répandue aussi ailleurs sur le continent : en Afrique australe, en Afrique de l’Est et en Afrique centrale.

La grille d’évaluation que nous avons proposée, vise entre autres à permettre de:
1 - jauger, sur la base de critères précis et communs, l’efficacité des instances d’autorégulation ;
2 - prendre la mesure des difficultés que rencontre chacune d’elles ;
3 - recenser les difficultés communes, et dresser une typologie des problèmes spécifiques ;
4 - tirer des expériences des uns et des autres des réponses aux difficultés spécifiques à chacune des instances.

Document de synthèse du processus d’évaluation du programme d’appui aux instances d’autorégulation des médias en Afrique de l’Ouest, présenté à l’atelier régional d’évaluation du programme, Cotonou, Bénin, 28 avril au 1 mai 2003

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