Les journalistes et l'industrie des médias s'unissent pour combattre la menace que l'Union européenne fait peser sur le reportage financier

Les journalistes et éditeurs européens ont joint leurs forces pour récuser une nouvelle loi européenne qui pourrait ébranler la couverture du monde des affaires par les médias.

La Fédération européenne des journalistes, organisation régionale de la Fédération internationale des journalistes, le plus grand groupe de journalistes à travers le monde, a publié aujourd'hui une déclaration commune signée par dix des organisations de presse les plus importantes afin de critiquer l'Union européenne et sa future directive sur l'abus de marché.

"Cette loi est une attaque plus que nécessaire contre les délits d'initié et l'abus de marché" déclare Aidan White, Secrétaire général de la FEJ, "mais sous sa forme actuelle elle considèrerait les journalistes qui rapporteraient des informations trompeuses ou qui ferait une simple erreur comme des criminels". La FEJ craint que l'impact de cette loi ne limite l'étendue et la vitesse de la couverture de l'information financière.

La FEJ et les neuf autres organisations demandent à l'Union européenne d'amender le projet de loi en introduisant une notion d'"examen des intentions" au chapitre de la Directive portant sur la dissémination de l'information dans les médias. Ceci assurerait aux journalistes de n'être sujets aux sanctions relatives aux abus de marché que s'ils savaient, ou qu'ils auraient raisonnablement dû savoir, que l'information disséminée était fausse ou trompeuse et qu'ils ont répandu l'information afin de créer une impression fausse ou trompeuse. Un exemple d'un tel examen existe au sein de l'administration britannique des services financiers.

"La criminalisation de ces erreurs involontaires aurait pour effet de réduire la vitesse et la qualité de la circulation de l'information des différentes sources aux marchés, étant donné que les journalistes pourraient se voir contraints de ne pas diffuser une information afin de ne pas risquer des sanctions criminelles", dit la déclaration commune envoyée à la Commission économique et monétaire du Parlement européen et aux représentants permanents du Conseil. Le COREPER discutera le projet de directive le 29 novembre, avant qu'il ne passe au Conseil ECOFIN le 4 décembre. En ce qui concerne le Parlement, le rapport rédigé par le rapporteur Robert Goebbels sera présenté les 18 et 19 décembre à la Commission économique et monétaire.

C'est la première fois que toutes les principales organisations représentant les médias rédigent ensemble une lettre de protestation commune. Parmi ces organisations se trouvent : la Fédération européenne des journalistes, le Conseil européen des éditeurs, l'Association européenne des éditeurs de journaux, l'Association européenne des éditeurs de magazines, l'Union européenne de diffusion, l'association de télévision commerciale européenne, l'Association des radios européennes et trois organisations basées au Royaume-Uni (l'Independent Television news, la Newspaper Society et la Press Complaints Commission).

La déclaration commune reflète l'inquiétude partagée au sein des médias vis-à-vis de la protection de la liberté de la presse et du maintien des standards du journalisme d'investigation et d'une information de qualité. Une réunion de toutes les organisations ayant signé la déclaration commune se déroulera à Bruxelles au mois de décembre. "Cette loi est importante, mais nous devons nous assurer que la qualité et les normes journalistiques ne seront pas sacrifiées en cours de route" déclare la FEJ.