Les journalistes appellent au respect de la protection des sources au Niger


Les organisations socio-professionnelles du secteur de la Presse ont appris avec stupéfaction l'interpellation le jeudi 12 Août 2004 puis la garde à la disposition de la gendarmerie du journaliste Moussa Kaka de la radio privée Saraounia, également correspondant de RFI au Niger, pour des motifs non encore rendus officiels. Des perquisitions ont également été effectuées au siège de Saraounia et au domicile du journaliste, et certains matériels emportés.

Selon des sources concordantes, cette interpellation est en relation avec les enquêtes en cours suite aux attaques perpétrées mardi dernier dans le Nord du pays par un groupe d'hommes armés, la radio Saraounia ayant diffusé le lendemain un entretien téléphonique du journaliste avec un individu présenté comme membre dudit groupe.

Les organisations socio-professionnelles, tout en déplorant la situation de violence gratuite, condanment les auteurs et complices de ces attaques meurtrières. Elles présentent leurs condoléances aux familles des victimes, tout en souhaitant un prompt rétablissement aux blessés et une libération sans condition des gendarmes enlevés.

Toutefois, les organisations socio-professionnelles tiennent à déclarer que la liberté de la presse ne saurait souffrir d'amalgame entre le droit au savoir du public et la recherche de renseignements par des enquêteurs. Aussi, considérant :

que le reportage diffusé ne s'est pas éloigné des nécessités de l'actualité;
que les évènements qui se sont déroulés présentent un caractère public;
qu'un journaliste a l'obligation de protéger ses sources et ne peut servir d'indicateur à des enquêteurs;

que la Presse n'a pas à verser ni à être contrainte de tomber dans la délation;

Les organisations socio-professionnelles du secteur de la Presse du Niger

1 - rejettent toute tentative d'assimiler l'exercice de la profession à de la complicité avec des auteurs d'infractions à la loi pénale;

2: demandent la libération immédiate du journaliste

3 interpellent le conseil supérieur de la communication (CSC) relativement à sa mission d'assurer la liberté de l'information et la protection des journalistes en vertu de la constitution et de la loi lui conférant ces attributions mais aussi de la charte des journalistes professionnels du Niger dont il est dépositaire;

4 - Appellent les journalistes à plus de vigilance dans le traitement de l'information ;

5 - appellent les organisations sœurs et les associations oeuvrant pour le respect de la liberté d'expression, de la liberté d'opinion et de presse, à se mobiliser pour exiger cette libération.

Fait à Niamey le 13 août 2004