Les journalistes africains et les professionnels des médias doivent s’organiser pour relever les importants défis du continent

Journée mondiale de la liberté de la presse – 03 Mai 2006

Déclaration de la FIJ Afrique


Chers collègues,

En cette célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), voudrait attirer votre attention sur le fait que les médias et les professionnels des médias en Afrique ont encore de grands défis à relever. De nos jours en Afrique, les journalistes continuent à être tués en toute impunité. Les arrestations arbitraires, les détentions forcées, la torture, les intimidations par les forces de sécurité et d’autres agents de l’Etat, et les exils forcés, perdurent. Pendant ce temps, certains pays, continuent à adopter des lois répressives et négatives visant à faire emprisonner des journalistes dans l’exercice de leur profession.


L’urgence de développer une culture de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en Afrique

En 2005, quatre journalistes ont été tués sur le continent. Jusqu’à présent, les meurtiers de Harry Yansaneh en Sierra Leone, Franck Kangundu en République Démocratique du Congo, et Duniya Muhyadin Nur et Kate Peyton en Somalie n’ont pas encore été inquiétés par la justice. La culture de l’impunité continue à prévaloir quand des journalistes sont assassinés sur le continent. Et ceci ne peut plus être toléré.

Alors que l’Afrique tente de progresser dans la promotion et la protection des droits de l’homme, des droits des peuples, et dans la consolidation des institutions, et de la culture de la démocratie afin d’assurer la bonne gouvernance et le respect de la loi, tel que stipulé dans l’Acte Constitutif de l’Union Africaine, de pareils meurtres de journalistes commis délibérément et de sang froid devraient être considérés comme des crimes contre l’humanité.

A cet effet, la FIJ souhaiterait profiter de cette opportunité solennelle pour lancer un appel aux gouvernements de la République Démocratique du Congo, de la Sierra Leone et de la Somalie, et des autres pays du continent où les journalistes ont été brutalement assassinés et dont les meurtriers courent toujours, incluant le Burkina Faso, la Gambie et la Côte d’Ivoire, à mener des enquêtes indépendantes et à s’assurer que les commanditaires de ces crimes haineux soient traduits devant la justice sans délai.

Il est triste de noter que les journalistes sur le continent sont continuellement emprisonnés dans l’exercice de leur profession. L’adoption de lois répressives continue à servir de piège pour emprisonner les journalistes. La plupart des journalistes actuellement emprisonnés ont été condamnés sur la base de lois mauvaises et archaïques. La FIJ continue à soutenir sa position selon laquelle les journalistes ne doivent pas être mis en prison dans l’exercice de leur travail. La question de la diffamation devrait être traitée comme un délit civil plutôt qu’une offense criminelle.

Nous lançons un appel aux gouvernements africains pour la libération sans condition de tous les journalistes détenus dans l’exercice de leur profession.

Des rapports indiquent que l’Ethiopie et l’Erythrée ont le nombre le plus élevé de journalistes emprisonnés sur le continent. Au moins 15 journalistes sont en prison en Ethiopie suites aux événements qui ont suivi les élections de 2005. La plupart de ces journalistes sont accusés de trahison par le gouvernement de Meles Zenawi et risquent la peine de mort. Il en est de même en Erythrée, où 15 journalistes, dont le suédo-erythréen Issac Dawit, sont en détention depuis 2001 lors de la fermeture de tous les médias indépendants.

Dans des pays comme la Gambie, le Zimbabwe, l’Ouganda, la République Démocratique du Congo, les journalistes continuent à être arbitrairement détenus. Lamin Fatty, un journaliste du bihebdomadaire The Independent de Gambie, est toujours en prison après la publication de l’un de ses articles sur les suspects du coup d’états arrêtés. La FIJ demande de ce fait, à tous les gouvernements africains de libérer sans condition tous les journalistes emprisonnés par rapport à leur profession.

Les médias en Afrique ne peuvent participer pleinement à la lutte pour le développement et pour l’éradication de la pauvreté que si les journalistes et les professionnels des médias bénéficient d’un environnement favorable pourvu de meilleures conditions de travail.

Cette année l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) a choisi comme thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse : “Médias, développement et éradication de la pauvreté ». Il est néanmoins à relever que les journalistes font partie des travailleurs les plus mal payés du continent. La plupart des journalistes d’Afrique n’ont pas de contrat convenable avec leurs employeurs, alors qu’un nombre important d’entre eux continue à être des journaliers, bien qu’ayant passés plusieurs années dans ces organes qui les emploient.

Pour que les journalistes soient plus respectés chez nous, leurs conditions de travail doivent être améliorées. C’est pour cette raison que la FIJ continue à inviter les syndicats à engager les gouvernements et les employeurs dans un dialogue pour l’élaboration de conventions collectives afin de sortir les journalistes du cercle vicieux de la pauvreté. Les médias en Afrique ne peuvent participer pleinement à la lutte pour le développement et pour l’éradication de la pauvreté que si les journalistes et les professionnels des médias bénéficient d’un environnement favorable pourvu de meilleures conditions de travail.

Malgré ces difficultés, les médias continuent à jouer un rôle significatif en Afrique. Sur le continent, les médias sont en première ligne dans la lutte contre le VIH/SIDA. Le combat contre cette pandémie ne peut être remporté qu’avec une utilisation efficace des médias. En plus, il devient de plus en plus évident que les medias sont les instruments les plus appropriés pour la promotion de la démocratie, du respect de la loi et de la bonne gouvernance. Pendant que ce vent de démocratie continuent à secouer le continent, la société civile compte sur les médias pour promouvoir et renforcer ces idéaux sur le contient. Ceci ne peut se réaliser que si les syndicats nationaux sont plus forts et si les gouvernements créent l’environnement favorable aux activités des médias.

Les journalistes africains doivent s’organiser en syndicats pour affronter les défis du continent

La Fédération Internationale des Journalistes continuera à soutenir la fraternité entre les médias en Afrique à travers les syndicats nationaux afin de les aider à défendre les intérêts des journalistes et la liberté de la presse au niveau national. Pour y parvenir les journalistes africains doivent s’organiser en syndicats pour affronter les défis du continent.


Fédération Internationale des Journalistes – Bureau Afrique
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