La FIJ salue l'acquittement de deux accusés dans le meurtre d'un journaliste en RDC mais condamne les irrégularités dans le procès

 

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a salué aujourd'hui l'acquittement de deux amis du journaliste de Radio Okapi Serge Maheshe qui étaient accusés d'avoir participé à son assassinat, mais a condamné les irrégularités dans le procès en appel qui n'a pas pu faire découvrir le responsable du meurtre.

Le tribunal militaire de Bukavu mercredi a innocenté les deux amis de Maheshe qui étaient avec lui quand il a été tué, de toute implication dans le meurtre mais a condamné à mort, les deux présumés tireurs inculpés de même qu’un troisième homme qui serait leur complice.

 « Nous nous félicitons de la libération des amis de Maheshe mais cette décision a été assombrie par notre crainte que la vérité n’est toujours pas faite sur l'assassinat de Serge, » a dit Gabriel Baglo, Directeur du Bureau Afrique de la FIJ. « Cette décision n'a pas fait éclater la vérité et nous demandons au gouvernement congolais de rouvrir l'affaire et la transférer à un tribunal civil et indépendant en vue de conduire une enquête sérieuse pour découvrir  le responsable de ce meurtre. »

Certains observateurs et des avocats envoyés pour suivre le procès ont reçu des menaces de mort quand ils ont signalé des problèmes et des irrégularités dans le procès. La FIJ a appelé les autorités congolaises et le tribunal militaire de Bukavu à enquêter sur les menaces contre les observateurs et les avocats de la défense.

La cour d'appel a confirmé la condamnation à mort prononcée en première instance contre les présumés tireurs Freddy Bisimwa et Mugisho Mastakila. Ils ont été inculpés d’avoir tué afin de « faciliter un vol à main armée », mais la cour d'appel n'a pas affirmé l’inculpation initiale de « meurtre » contre les deux hommes. Un troisième accusé, Bisimwa Sikitu Patient, qui n'a pas été précédemment condamné a été inculpé d'association de malfaiteurs et également condamné à mort.

Dans le procès en appel, le Ministère Public a demandé l'acquittement des deux amis du journaliste faute de preuves. Bisimwa et Mastakila ont rétracté leurs accusations désignant les amis de Maheshe, Serge Muhima et Alain Mulimbi Shamavu comme commanditaires de l'assassinat. Bisimwa et Mastakila ont dit qu'ils ont fait ces allégations à la demande de deux magistrats militaires.

Les représentants d’organisations locales des droits de l'homme et le groupe international Protection Internationale qui ont observé le procès ont dénoncé des irrégularités, notamment le mauvais traitement des vêtements portés par le journaliste quand il a été tué, le refus de faire comparaître des témoins d'un camp militaire près du lieu du crime et le refus du tribunal de permettre une autopsie et l'expertise balistique pouvant être utilisés comme preuves dans le procès.

Maheshe, journaliste et responsable de l’antenne de Bukavu de Radio Okapi, qui est soutenue par la MONUC (Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo), a été abattu le 13 Juin 2007. A la fin d'un procès qui s’est tenu devant le tribunal militaire de Bukavu du 14 Juin au 28 août 2007, Muhima et Shamavu, qui étaient les seuls témoins oculaires de son assassinat ont été condamnés à mort avec Bisimwa et Mastakila.

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