La FIJ lance une campagne de solidarité en faveur des médias algériens et critique le projet de loi portant sur la mise en application légale du code de l’éthique

La Fédération internationale des journalistes a ouvert son centre de solidarité à Alger aujourd’hui. A cette occasion, la FIJ lance un appel à tous les journalistes algériens de joindre leurs efforts afin de promouvoir les médias indépendants et des conditions de travail décentes pour l’ensemble des journalistes à travers le pays.

«Les journalistes algériens travaillent dans des conditions de travail difficiles et parfois même déplorables,» a déclaré Aidan White, Secrétaire Général de la FIJ. «Il est temps pour les journalistes de s’unir pour faire valoir leurs droits professionnels et sociaux.»

Le centre de la FIJ, ouvert en 1996, a suspendu ses activités pendant deux ans. Relancé en 2004, le centre servira de point de départ à une nouvelle campagne visant à renforcer les droits des journalistes algériens. Le centre FIJ d’Alger coordonnera une étude à l’échelle nationale qui s’intéressera au statut des journalistes en Algérie, faisant de l’Algérie le premier de quatre autres pays arabes à se trouver engagés dans le développement d’un programme syndical piloté par la FIJ.

«Les médias algériens ont souvent failli à leurs responsabilités d’assurer des conditions de travail et des droits sociaux élémentaires, » a estimé Aidan White. «La lutte pour une presse libre demeure la priorité, mais nous ne pouvons néanmoins invoquer les difficultés professionnelles comme excuse pour nous soustraire à notre obligation de garantir des normes décentes sur les lieux de travail.»

Le Secrétaire Général a rencontré hier le ministre de la Communication Dr Boudjemad Haichor et l’a exhorté à éviter toute confrontation avec la presse par rapport aux plans visant à la mise en application légale de l’éthique journalistique. La FIJ assure que le centre de solidarité d’Alger servira à lancer une grande variété d’actions tendant à améliorer le paysage médiatique. Celles-ci comprennent:

• Une réforme des médias audiovisuels étatiques afin d’encourager le service public de radiodiffusion. L’année prochaine, la FIJ projette d’organiser une rencontre nationale consacrée à ce même thème.

• Une réforme du système d’attribution des revenus publicitaires publics pour le rendre ouvert, transparent et accessible à tous

• La réforme du code pénal et du code de l’information en vue de supprimer les articles qui exposent le journaliste aux peines d’emprisonnement durant l’exercice de son métier. Le centre servira d’observatoire de surveillance des attaques contre la liberté de la presse et mènera une campagne contre l’emprisonnement des journalistes.

«Ceci constitue les premiers pas qu’ils nous faut faire pour instaurer la confiance professionnelle dans les médias,» dit White. «Les discours d’une nouvelle loi sur un code de l’éthique pour les journalistes sont préoccupants de par la possibilité qu’ils sous-entendent que le but est de contrôler les journalistes et de manipuler les médias pour des raisons politiques.

« Nous devons élargir la base des réformes encourageant l’autorégulation. Il nous aussi faut établir une culture du journalisme suffisamment assurée pour faire face à ses responsabilités et pour s’autoréguler quand il le faut », a-t-il ajouté.

La FIJ travaille très étroitement avec son affilié algérien, le Syndicat National des Journalistes, afin d’encourager davantage d’adhésions et de renforcer la présence du Syndicat dans les salles de presse en Algérie.

« Le syndicat devrait se faire le porte-parole incontesté des journalistes algériens », a dit White. « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir ses projets de consolidation de la base de ses adhérents et d’assurer son soutien aux journalistes à travers le pays, et ce à chaque fois qu’ils en ont besoin ».

Le centre de solidarité suivra de près les débats sur le statut du journaliste en Algérie et sur l’accès à la profession. Dans ce cadre, un sondage national détaillé fera également partie de ce travail.

La décision de relancer le centre a été prise cette année suite aux contestations internationales contre l’emprisonnement des journalistes Mohammed Ben Chicou et Ghoul Hafnaoui.

« Ces cas ont ravivé les craintes au sujet de la liberté de la presse en Algérie », a déclaré White. « Il est temps pour les journalistes algériens eux-mêmes de montrer qu’ils peuvent travailler ensemble pour protéger et renforcer leurs droits. Le centre, avec le soutien du SNJ, sera présent pour les aider ».

Pour plus d’information, veuillez contacter: +32 2 235 2206
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