La FIJ lance un nouvel appel pour la libération de Mohamed Benchicou, au terme d’une année de détention

Libérez Benchicou ! Conférence de presse, 14 juin 2005, Bruxelles - Image © Redaphoto@yahoo.fr


La Fédération internationale des journalistes a lancé aujourd’hui, lors d’une conférence de presse organisée à Bruxelles, un nouvel appel pour la libération de Mohamed Benchicou et la dépénalisation des délits de presse en Algérie.

« Ce 14 juin est une date symbole pour l’ensemble des journalistes harcelés, opprimés et emprisonnés par leurs gouvernements » a déclaré Bertrand Ginet, Responsable de Programmes à la FIJ. « Mohamed Benchicou est une figure de la presse algérienne, dont nous demandons expressément la libération immédiate. Le fait qu’il ait à « célébrer » aujourd’hui sa première année d’emprisonnement démontre combien les principes de l’Etat de droit ont été dévoyés en Algérie ».

Mohamed Benchicou, le Directeur de publication du Matin, a été condamné, il y a un an, à deux années d’emprisonnement pour « infraction à la réglementation de change » après la découverte de bons de caisse libellés en dinars dans ses bagages à l’aéroport d’Alger en août 2003. En fait, cette parodie de justice cache difficilement une logique d’inquisition, visant à faire taire l’une des critiques les plus virulentes du système algérien. M. Benchicou avait été notamment très engagé dans la campagne présidentielle, rédigeant un pamphlet intitulé « Bouteflika, l’imposture algérienne ».

« L’affaire Benchicou est le fruit d’un système politico-judiciaire dépravé,  qui organise désormais chaque mardi une parodie de justice visant à mettre en prison d’autres journalistes », a déclaré Nadir Benseba, coordinateur exécutif du bureau de la FIJ à Alger. « Nous appelons non seulement à la libération de Benchicou mais aussi à la dépénalisation des délits de presse en Algérie ».

Le Parlement européen a adopté le 8 juin dernier une résolution qui est venu apporter une crédibilité et un poids supplémentaires à la campagne internationale demandant la libération de Benchicou et l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires menaçant les autres journalistes.

Hélène Flautre, Présidente de la Sous-Commission des droits de l’Homme au Parlement européen est venue témoigner de son engagement en faveur du respect de la liberté d’expression et des droits de l’Homme en Algérie. «  La résolution du Parlement européen sera désormais l’une des bases de discussion avec les autorités algériennes », a t- elle déclaré, en ajoutant que l’affaire Benchicou avait démontré les velléités liberticides de la réforme du code pénal de 2001, malgré les garanties initialement apportées par les autorités. Elle a indiqué que le « Parlement  européen va demander, dans le cadre de l’évaluation de l’accord d’association avec l’Algérie, à la Commission et au Conseil de l’Union européenne d’interpeller leurs interlocuteurs algériens sur ces atteintes répétées à la liberté de la presse ». Avant de clore son intervention, Mme Flautre a fait remarquer que «  la récente résolution du Parlement européen n’est pas tombée du ciel ; au contraire, elle est le résultat d’une vigilance constante et d’une réelle détermination des députés européens ».

Aziouz Mokhtari, correspondant du journal Le Soir D’Algérie à Bruxelles a ajouté que « l’affaire Benchicou est un symbole de la censure, mais aussi de la décrépitude d’un système juridique à la botte de quelques dirigeants politiques ». Il a également lu une lettre de M. Benchicou, qui appelle ses collègues « à  maintenir le cap de la mobilisation et de continuer à être la voix de ceux qui n’en n’ont pas ».

La FIJ appelle l’ensemble de ses affiliés et des organisations professionnelles de journalistes dans le monde à se saisir de ce symbole pour dénoncer auprès des ambassades algériennes la détention de Mohamed Benchicou et le détournement de la loi algérienne contre les journalistes. Elle appelle également les syndicats de journalistes à faire pression auprès de leurs autorités nationales pour qu’elles exigent la libération de M. Benchicou.

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