La FIJ demande justice pour les journalistes tunisiens et les appelle à mettre un terme à leur grève de la faim

La Fédération Internationale des Journalistes s’est engagée aujourd’hui à lancer une campagne vigoureuse pour demander justice au nom des deux journalistes investis dans une grève de la faim en Tunisie, mais les a appelé à mettre un terme à leur mouvement.

« Les grèves de la faim entamées par Slim Boukhdir et Chahrazed Akacha illustrent le désespoir de certains journalistes tunisiens qui se voient privés de leurs droits les plus fondamentaux » a déclaré Aidan White, Secrétaire Général de la FIJ.

Il a déclaré que les autorités étaient « cyniques en évitant leurs responsabilités » dans ces deux cas et que les protestations engagées devaient s’achever sur des solutions justes et humaines par rapport aux problèmes qui ont conduit les journalistes à prendre des mesures désespérées.

« Le temps est venu pour les autorités d’assumer leurs responsabilités et pour nos collègues de reprendre librement leur travail », a-t-il déclaré, en notant que Boukhdir entamait aujourd’hui son 35ème jour de grève de la faim, qu’il avait perdu près de 15 kg et que sa santé déclinait gravement. « Les journalistes et les syndicalistes autour du monde sont profondément inquiets de la tragédie qui s’annonce ».

Slim Boukhdir demande la restitution de son passeport et de son travail au quotidien progouvernemental Al-Chourouk, dont il avait été progressivement été écarté. Joint au téléphone par la FIJ, le journaliste a déclaré avoir été sévèrement agressé par de nombreux policiers devant les locaux d’Al-Chourouk alors qu’il tentait de manifester symboliquement à l’occasion du 3 mai. Il aurait été conduit à l’hôpital où des soins de première urgence lui auraient été refusés.

Chahrazed Akacha est une jeune journaliste travaillant également pour Al-Chourouk. Elle a refusé d’écrire un article imposé pour un supplément du Chourouk paru en novembre 2005, et a entamé depuis le 19 avril une grève de la faim pour protester contre les pressions ayant conduit à son licenciement. La FIJ rappelle que l’avocat Mohammed Abbou est également en grève de la faim depuis le 11 mars 2006 pour protester contre les conditions de sa détention.

« La grève de la faim est un acte désespéré, qui met en danger la vie des journalistes et ne saurait se substituer à l’action collective », a déclaré Aidan White.

La FIJ souligne la “situation grotesque” de la liberté de la presse en Tunisie où les journalistes sont conduits à des actes désespérés alors que le gouvernement du Président Ben Ali diffuse de pieuses déclarations quant à son engagement pour les droits de la presse. A l’occasion du 3 mai, journée internationale pour la liberté de la presse, le Président a déclaré aux présidents de l'Association des journalistes tunisiens et à l'Association des directeurs de journaux tunisiens, qu’il considérait « la liberté d'expression et de presse comme un droit fondamental de l'individu et de la collectivité », rappelant « la noblesse de sa mission et à l'importance de sa fonction sociale ».

Le Chef de l’Etat tunisien appelait de ses vœux « un pays où la liberté de presse s'enracine chaque jour davantage, où la liberté d'expression se manifeste sous ses plus nobles et larges significations et au sein duquel le journaliste occupe la place qui lui revient afin de s'acquitter de la mission dont il est investi à travers une presse libre, démocratique et objective, au service du pays et de l'aspiration de notre peuple à un avenir meilleur ».

« Il est temps de convertir les déclarations lénifiantes en actions concrètes et de transformer les promesses en résultats pour la justice et la liberté des journalistes », a déclaré Aidan White. « Avant tout, nous devons faire tout ce qui est possible pour éviter de nouvelles tragédies et souffrances parmi les journalistes ».

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