La FIJ demande aux États-Unis de « clarifier » la mort de journalistes après l’incident de Bagdad

La Fédération internationale des journalistes a exigé aujourd’hui des États-Unis qu’ils « clarifient » leur situation au regard de la mort inexpliquée de journalistes et de collaborateurs des médias en Irak à la suite de la tragédie qui a accompagné la libération de la reporter italienne enlevée, Giuliana Sgrena.

« Près d’une quinzaine de morts de journalistes du fait des soldats américains attendent toujours de faire l’objet d’enquêtes dignes de ce nom », a dit Aidan White, le secrétaire général de la FIJ. « Tant que ces cas ne seront pas pris au sérieux, il ne peut y avoir de justice pour les victimes ».

La Maison Blanche a rejeté les déclarations de la reporter d’Il Manifesto Sgrena selon laquelle l’attaque contre elle et des agents secrets italiens, ce week-end, à un point de contrôle près de l’aéroport de Bagdad, dans laquelle elle a été blessée et l’un des agents, Nicola Calipari, a été tué, pourrait avoir été délibérée en raison de l’opposition des États-Unis à la politique italienne consistant à négocier avec les ravisseurs et à payer des rançons.

La FIJ estime qu’il devrait y avoir une enquête complète sur cet incident et note que des soldats américains ont été impliqués dans treize autres incidents dans lesquels des journalistes et des collaborateurs des médias ont été tués. Peu d’entre eux ont fait l’objet de véritables enquêtes et ont été expliqués aux familles, aux amis et collègues des victimes.

« L’attaque contre notre collègue italienne est un autre incident bizarre qui conduit à se demander s’il existe une volonté stratégique de mettre à genoux les journalistes libres ou s’il s’agit seulement d’un comportement militaire incompétent et irresponsable dans le but d’effrayer », a dit White. « Dans un cas comme dans l’autre, les autorités américaines doivent clarifier la situation et répondre à toutes les préoccupations des médias et des journalistes sur leurs actions. »

Giuliana Sgrena avait été retenue en otage pendant un mois et libérée après qu’un accord fût intervenu entre les ravisseurs et les agents de sécurité italiens. Les forces américaines de la coalition ont tiré sur leur voiture près de l’aéroport de Bagdad. La Maison Blanche affirme que la voiture se trouvait dans une zone de combat et que les forces de la coalition « doivent prendre des décisions en une fraction de seconde pour protéger leur propre sécurité et qu’elles regrettent cet incident ». La voiture a été touchée par 300 à 400 projectiles.

L’armée américaine a confirmé la fusillade, soutenant que les forces de la coalition ont tiré sur un véhicule approchant à grande vitesse un point de contrôle de la coalition à Bagdad et a dit que les détails de l’incident n’étaient « pas clairs ».

Bien que le Pentagone affirme que les soldats au point de contrôle aient tenté d’avertir le véhicule avant d’ouvrir le feu, Sgrena insiste sur le fait qu’il n’y a eu aucune sommation. Après l’attaque, elle a été conduite à un hôpital américain pour y être opérée de l’épaule gauche afin de retirer un éclat avant d’être rapatriée en Italie.

Préoccupés par ces attaques contre les journalistes, la FIJ et les journalistes irakiens organiseront des manifestations à travers le monde ainsi qu’en Irak le 8 avril, deuxième anniversaire de l’attaque américaine contre l’Hôtel Palestine à Bagdad, au cours de laquelle deux journalistes sont morts, afin d’exiger des enquêtes complètes et indépendantes sur tous les cas dans lesquels des journalistes et des collaborateurs des médias ont été tués ou intimidés.

Des groupes armés en Irak ont enlevé au moins 26 journalistes depuis avril 2004, lorsque des insurgés ont commencé à s’en prendre aux étrangers pour les enlever. Vingt-quatre ont été relâchés. Le journaliste italien Enzo Baldoni et le présentateur de télévision irakien Raeda Wazzan ont été tués. La journaliste Florence Aubenas, une correspondante expérimentée du quotidien Libération et son traducteur Hussein Hanoun Al-Saadi sont toujours prisonniers. Aubenas est apparue dans une cassette enregistrée voici quatre jours pour demander la vie sauve.

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