La FIJ condamne une « politique de répression systématique », après l’emprisonnement d’un journaliste en Algérie

La Fédération internationale des journalistes a dénoncé aujourd’hui la condamnation en deuxième instance de Hakim Lalam, chroniqueur au quotidien indépendant Le Soir d’Algérie.

Le journaliste avait été condamné en première instance, la semaine dernière, à six mois de prison ferme pour outrage au Président de la République. La cour d’Alger a confirmé ce verdict hier, conduisant le journaliste à faire un nouvel appel auprès de la Cour Suprême. Fouad Boughanem, directeur de la publication, a été quant lui relaxé.

« La condamnation d’un journaliste en appel marque une nouvelle étape dans le harcèlement juridique dirigé contre la profession », a déclaré Aidan White, Secrétaire Général de la FIJ. « La mise en œuvre de ces procès en appel représente une menace sans précédent pour tous les journalistes algériens qui veulent encore faire leur travail ».

La FIJ rappelle que pas moins de vingt journalistes ont été condamnés à de la prison ferme par la justice algérienne entre 2005 et 2006. Il s’agit de : Farid Alilat (1 année) ; Fouad Boughanem (1 année) ; Sid Ahmed Sémiane (1 année) ; Kamel Amarni (1 année) ; Ali Dilem (1 année) ; Malika Boussouf (6 mois) ; Hakim Laalam (6 mois) ; Nacer Belhadjoudja (6 mois) ; Mohamed Benchicou (5 mois et en prison depuis 2004) ; Yasmine Ferroukhi (3 mois) ; Youcef Rezzoug (3 mois) ; Djameleddine Benchenouf (3 mois) ; Abla Chérif (2 mois) ; Badis Massaoui (2 mois) ; Hassane Zerrouki (2 mois) ; Ghanem Khemis (2 mois) ; Abdelkader Djemâa (2 mois) ; Abder Bettache (2 mois). Des dizaines d’autres journalistes ont été condamnés à des peines de prison avec sursis.

« Les autorités algériennes conduisent une politique de répression systématique contre les quelques voix indépendantes qui osent encore s’exprimer » a déclaré Nadir Benseba, Coordinateur du Centre d’Alger de la Fédération internationale des journalistes. « Depuis l’incarcération du directeur du Matin, les observateurs ne font plus d’illusion sur les intentions des dirigeants politiques à museler la liberté d’expression et à emprisonner quiconque qui oserait critiquer les actions du gouvernement ».

Les menaces pesant sur la presse indépendante ne s'arrêtent pas là. D’autres procès en appel auront lieu la semaine prochaine et les journalistes impliqués risquent aussi de lourdes peines de prison ferme.

La FIJ rappelle que le Président Bouteflika avait annoncé au début de son investiture à la Présidence de la république en 1999 qu’il ne mettrait aucun journaliste en prison pour ses écrits.

« Les déclarations du régime se sont révélées vaines et trompeuses » a déclaré Aidan White. « C’est sa vraie nature, autoritaire et répressive, qui apparaît aujourd’hui ».

La FIJ rappelle que Mohammed Benchicou, directeur du Matin, est en prison depuis juin 2004. Elle suit avec beaucoup d’inquiétude l’évolution de l’état de santé des deux journalistes emprisonnés.

La FIJ condamne avec la plus grande fermeté l’aggravation des menaces portant sur les journalistes en Algérie. Elle appelle la communauté des Etats du monde libre, qui accentuent ces derniers mois leurs efforts de coopération avec le pays, à agir avec force contre ces menaces inacceptables sur la liberté d’expression en Algérie.

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