La FIJ condamne l'intimidation des journalistes couvrant le trafic de drogue en Guinée-Bissau

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a appelé aujourd'hui le gouvernement de la Guinée-Bissau à intervenir pour mettre fin à l'intimidation des journalistes couvrant le trafic de drogue dans le pays et à s’assurer qu’une compensation appropriée est payée aux journalistes victimes d'un accident de la route en 2005 suite à une récente décision de justice.

« Nous sommes très inquiets pour la sécurité de nos collègues en Guinée-Bissau, » a dit Gabriel Baglo le directeur du bureau Afrique de la FIJ. « Nous condamnons ces actes d'intimidation et appelons le gouvernement à s'assurer qu'ils prennent fin. Le trafic de drogue est un problème sérieux dans le pays et les journalistes doivent pouvoir le couvrir dans l'indépendance totale. »

Albert Dabo, journaliste travaillant pour Reuters et pour la radio privée Bombolom Fm a reçu régulièrement depuis le mois de juin, des menaces par téléphone. En raison de l’ampleur des intimidations, le journaliste a été contraint à la clandestinité pendant une semaine, en ce mois, avant qu’ils se sentent suffisamment en sécurité pour reprendre le travail. Dabo, comme plusieurs autres journalistes a publié des informations venant d’autorités ou d’organisations de la société civile, révélant que de hauts fonctionnaires de l’Etat et des militaires de haut rang, sont impliqués dans le trafic de drogue. Cité dans un article de Reuters publié (1er juin), le Ministre de l’Intérieur a reconnu cette situation et a annoncé la mise sur pied d’une commission pour la combattre.

Au moins un autre journaliste a été menacé en raison de sa couverture sur le narcotrafic. La Guinée-Bissau est considérée comme l’une des principales routes du trafic de drogue en Afrique.

Dans une autre situation, l’Etat de Guinée-Bissau a été condamné le 6 juillet dernier à verser 79 millions de FCFA (120,000 Euros) d’indemnisation aux journalistes victimes d’un accident de la circulation en Décembre 2005. Cette décision fait suite au procès entre le Syndicat des Journalistes et Techniciens de Communication Sociale (SINJOTECS) et l’Etat.

Selon le SINJOTECS, les familles des deux journalistes qui ont péri dans l’accident, Sori Baldé de la Télévision de Guinée Bissau et Aruna Djamanca de l’hebdomadaire privé Kansaré, doivent recevoir chacune 18 millions de FCFA (27,000 Euros). Le reste de la somme doit être reparti entre les 11 autres journalistes et professionnels des médias blessés dans l’accident.

Le chauffeur du car a été reconnu coupable de négligence et est condamné à verser 250 FCFA (0,40 Euro) par jour pendant huit mois aux victimes.

Les représentants de l’Etat ont introduit un appel de cette décision lundi dernier.

« Nous sommes satisfaits de ce jugement, mais nous sommes également profondément préoccupés de ce que les représentants de l’Etat ont choisi de faire appel, » a dit Baglo. « Il est temps de donner aux journalistes et à leurs familles une compensation pour ce terrible accident dans l'espoir qu'elle les aide à sortir de cette épreuve. »

Le Secrétariat National de Lutte contre le SIDA et le Secrétariat d’Etat de la Communication Sociale, les structures d’Etat incriminées ont organisé le voyage qui a causé l’accident des journalistes dans la région de Gabu à 200 km de la capitale Bissau à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, le 1er décembre 2005.


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