La FIJ condamne les agressions contre deux journalistes au Burundi

 

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a aujourd’hui fermement condamné les agressions contre deux journalistes au Burundi. Selon l’Union Burundaise des Journalistes (UBJ), affiliée à la FIJ, le journaliste  Patrick Niyonkuru de la Radio publique africaine (RPA, indépendante) a été atteint d’une balle tirée sur lui le samedi 27 avril par un policier à Bujumbura, la capitale du pays. La balle l’a atteint au bras droit et il a été par la suite transporté à l’hôpital pour y subir des soins.

 

« Ce confrère était dans l’exercice de ses fonctions. Aucune loi n’interdit au Burundi aux journalistes de mener des investigations en collectant des informations pour informer le public. Ceci est un acharnement que nous dénonçons avec la dernière énergie », a déclaré Gabriel Baglo, directeur Afrique de la Fédération Internationale des Journalistes.

 

Selon l’UBJ,  le journaliste de la Radio publique africaine (RPA, privée), Patrick Niyonkuru, a surpris l’agent de police Pierre Havyarimana en train de demander 200 francs burundais (0.10 euros) à des marchands transportant à vélo des fruits au marché.  L’agent Havyarimana qui était avec ses collègues policiers avait intercepté les marchands en leur demandant de payer cette somme avant de passer le barrage.

 

Ayant identifié Patrick Niyonkuru sur les lieux comme journaliste, l’agent de police Pierre Havyarimana s’est acharné sur lui, le giflant et le bousculant. Il a ensuite chargé son arme et tiré trois coups de feu dont l’un a atteint Patrick Niyonkuru au niveau du bras droit.

 

« C’est regrettable de constater qu’aucun journaliste n’est toujours pas en sécurité au Burundi. Nous condamnons cet acte de violence et rappelons aux autorités du pays qu’elles ont l’entière obligation d’assurer la sécurité des citoyens y compris celle des journalistes », a déclaré Alexandre Niyungeko, président de l’UBJ.

 

La FIJ est restée préoccupée par la dégradation de la liberté de la presse et la sécurité des journalistes au Burundi.  Elle rejoint son affilié l’UBJ pour saluer ce geste de la justice qui a reconnu dans un procès l’agent Pierre Havyarimana coupable d’agression physique ayant entraîné des blessures profondes sur un journaliste, et l’a condamné à 15 ans de prison, après que les autorités policières l’ont rayé du corps des agents de la police.

 

Cette agression survient après l’attaque dans la soirée du jeudi 25 avril 2013 du domicile du journaliste Willy Abagenzinikindi, de la Télévision Renaissance. L’Union Burundaise des Journalistes a indiqué que des personnes non encore identifiées dont deux étaient armées de fusils et de machettes, ont défoncé la porte de la maison, avant de s’y introduire et de vouloir  l’attaquer n’eut été l’intervention d’un de ses colocataires qui sera blessé à la tête.

 

Les agresseurs ont emporté avec eux deux cassettes-vidéo qui contenaient  les images d’un reportage réalisé  dans la province de Mwaro (Centre-ouest).  Ces images contenues dans les cassettes montrent une population qui s’exprime sur la nouvelle loi de la presse que les journalistes trouvent liberticide.

 

« Nous voyons qu’il s’agit d'un acte d’intimidation visant à empêcher les journalistes à continuer sereinement leur travail. Mais on ne va pas céder », a commenté Alexandre Niyugeko, le président de l’UBJ. « Nous restons solidaires de notre collègue  Willy Abagenzinikindi et appelons les forces de l’ordre à diligenter des enquêtes dans l’immédiat pour déterminer les auteurs de cette attaque qui elle aussi ne doit pas restée impunie », a conclu Baglo.

 

Au Burundi, le Sénat a adopté le 19 avril 2013, deux semaines après l'Assemblée nationale, une loi sur la presse dénoncée par la FIJ qui l'a qualifiée de liberticide et qui restreint la protection des sources des journalistes.

 

Pour plus d'information, veuillez contacter la FIJ au : + 221 33 867 95 86

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