La FIJ Condamne la Vague d’Arrestations de Journalistes Sénégalais

La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a appelé aujourd’hui le gouvernement du Sénégal à mettre fin à « l’oppression » des journalistes après l’arrestation d’un directeur de publication ce matin. Ce dernier cas est la quatrième interpellation de journaliste ou directeur de publication en l’espace d’un mois pour avoir prétendument offensé le Président ou porté atteinte à la sécurité nationale.

El Malick Seck, Directeur du site Internet d’information Rewmi.com a été arrêté ce matin au siège de son entreprise à Thiès par la Division des investigations criminelles (DIC) qui le maintient en détention à Dakar.

« Nous condamnons fermement cette vague de procès et d’arrestations brutales, » a dit Gabriel Baglo, Directeur du bureau Afrique de la FIJ. « Nous appelons le gouvernement à mettre fin à cette oppression contre les journalistes dont le seul crime a été d’avoir touché à de soi-disant sujets sensibles. »

A côté des quatre journalistes arrêtés, qui sont en détention, un cinquième, est en procès pour diffamation après qu’il a publié un livre accusant des employés de la loterie nationale sénégalaise de malversation financière.

La DIC n’a pas décliné les raisons de l’arrestation de Seck mais des sources ont dit à la FIJ que son arrestation est en rapport avec des commentaires critiques d’Internautes publiées sur Rewmi.com en réaction à un article du journal L’Observateur reproduit sur le site disant que la nouvelle limousine du Président Abdoulaye Wade venait d’arriver au Sénégal malgré le « contexte de crise économique » du pays.

Pape Amadou Gaye, Directeur de publication du quotidien Le Courrier du jour a été arrêté jeudi dernier par la DIC après que le journal a publié un article sur la situation économique difficile du pays dans lequel il dit que l’armée est la seule à pouvoir intervenir pour régler le problème. Gaye a été inculpé hier pour incitation de l’armée à la rébellion contre les institutions, actes portant atteinte à la sûreté de l’Etat et offense au chef de l’Etat. Il risque cinq à dix ans de prison ferme s’il est jugé coupable.

Moussa Guèye, Directeur de Publication de L’Exclusif, est en détention depuis le 8 octobre après la publication d’un article sur des « escapades nocturnes » du Président, article selon lequel le Président sortait dans la nuit, sans préciser ce qu’il faisait lors de ces sorties. Pape Moussa Doukar, un reporter de L’Exclusif a été arrêté le 9 octobre sur l’accusation d’être l’auteur de l’article.

Le journaliste vétéran et écrivain Abdou Latif Coulibaly est déjà en procès après la publication de son livre révélant le détournement de fonds à la loterie nationale, une entreprise d’Etat. Il est actuellement poursuivi par la loterie nationale et des employés pour diffamation et injure publique. Le procès a commencé le 11 septembre mais a été renvoyé au 18 décembre.

La FIJ appelle le gouvernement sénégalais à mettre fin à ces tactiques d’intimidation contre les journalistes, à dépénaliser la diffamation et permettre aux médias de travailler en toute liberté et indépendance. La FIJ estime que le gouvernement doit inculper les journalistes pour des délits de presse sur la base des lois civiles sur les médias et non pas sous le régime du code pénal.

« Nous appelons le gouvernement à libérer dans l’immédiat tous les journalistes détenus et à leur garantir un procès équitable, » a dit Baglo. « Nous appelons également le tribunal à abandonner toute action pénale contre Coulibaly. »

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