Des groupes internationaux de journalistes vont travailler avec les médias musulmans pour apaiser la crise des caricatures

Des groupes internationaux de journalistes vont travailler avec les médias musulmans pour apaiser la crise des caricatures

La Fédération internationale des journalistes a salué aujourd’hui un accord intervenu entre des dirigeants représentant les journalistes, les rédacteurs en chef, les éditeurs, les télédiffuseurs et d’autres experts des médias pour travailler avec les confrères du monde arabo-musulman afin de désamorcer la crise sur les caricatures controversées qui ont profondément choqué dans de nombreuses régions du monde.

La FIJ a accueilli une rencontre mercredi qui a abouti à une approche commune pour affronter les défis nés de la récente crise des caricatures qui s’est traduite par des manifestations violentes, plusieurs morts et de nombreuses menace de mort à l’encontre des journalistes et des représentants des médias.

« La communauté des médias est déterminée à créer un dialogue significatif qui améliorera la compréhension entre les communautés, qui réduira a tension et encouragera le journalisme de qualité partout », a déclaré Aidan White, le secrétaire général de la FIJ.

Un des engagements pris consiste à encourager les organisations représentant les professionnels des médias en Europe et dans le monde arabo-musulman à promouvoir le dialogue et à travailler en commun pour éveiller la conscience parmi les journalistes des différentes communautés quant au besoin de davantage de reportage sur les questions religieuses et interculturelles.

« La rencontre a démontré que les professionnels des médias sont prêts à faire face aux défis posés par la récente crise », a dit M. White. « Nous sommes résolus à défendre la liberté d’expression et unis dans notre opinion que les devoirs éthiques et professionnels sont de la seule responsabilité des journalistes et ne regardent en rien les gouvernements. Mais nous sommes également conscients que l’on peut faire davantage pour améliorer la qualité de l’information ».

La rencontre a unanimement rejeté la proposition d’un nouveau Code de conduite, de nouvelles règles ou de nouvelles lois en réponse à la controverse sur les caricatures qui ont représenté le prophète Mahomet de façon controversée, ce qu’interdit la tradition islamique.

« Les codes volontaire existants, dont certains ont plus de 50 ans, servent parfaitement le journalisme », ont-ils déclaré. Ci-dessous se trouve la déclaration dans son intégralité :

La Fédération internationale des journalistes a accueilli une rencontre des professionnels des médias le 15 février 2006 à Bruxelles. Cette rencontre a pris note de la controverse concernant la publication des caricatures au Danemark et dans d’autres pays qui a blessé de façon regrettable de nombreuses personnes en Europe et à travers le monde.

1. Bien que toutes les organisations professionnelles comprennent la nécessité de prendre en compte en permanence les sensibilités religieuses dans l’exercice du journalisme, elles sont unies dans leur condamnation de la violence, de l’intimidation, de la mort et des menaces de mort qui ont accompagné certaines manifestations contre la publication et la republication de ces caricatures.

2. La rencontre réaffirme, sans restriction, que la liberté d’expression et d’opinion est un droit fondamental et une valeur essentielle de la démocratie et des droits de l’Homme qui ne doit pas être soumise à des limitations indues.

3. La rencontre estime que partout les médias doivent agir de façon professionnelle lorsqu’ils traitent des questions religieuses et culturelles et des droits des minorités et ne devraient rien faire qui puisse créer inutilement des tensions en faisant l’apologie de la haine ou en incitant à la violence.

4. Dans le même temps, la rencontre exprime de façon unanime sa conviction que la déontologie et le respect des principes professionnels sont de la seule responsabilité des journalistes et des autres professionnels des médias dans le libre exercice de leur métier.

5. La rencontre rejette l’idée selon laquelle il faudrait de nouveaux codes de déontologie supranationaux ou d’autres règles ou lois. Les codes volontaires existants, dont certains sont en vigueur depuis plus de 50 ans, servent parfaitement le journalisme.

6. La rencontre salue les efforts pour promouvoir le dialogue et élever la conscience parmi les journalistes et les médias de tous bords quant à la nécessité d’une pratique éthique et responsable.

7. Les participants s’entendent pour promouvoir la coopération au sein des organisations et entre elles et saluent les initiatives destinées à promouvoir le dialogue entre journalistes de différentes traditions culturelles.

8. L’objectif d’une telle coopération devrait être le renforcement de la qualité des médias et d’élever la prise de conscience parmi les journalistes quant à la nécessité d’un reportage informé qui tienne compte du contexte lorsqu’ils traitent des questions inter-culturelles et religieuses.

Enfin, les participants sont d’accord pour coordonner leurs efforts dans les mois à venir et demandent à la FIJ d’organiser d’autres rencontres d’organisations de professionnels des médias pour discuter ces questions à la fois sur le plan régional et sur le plan international ; ils appellent également les organisations professionnelles représentatives des médias du monde arabo-musulman à participer à ce processus.

Bruxelles, le 15 février 2006

Ce texte est publié au nom de l’association des télévisions privées (ACT), la Fédération européenne des éditeurs de magazines (FAEP), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), l’Institut international de la presse (IPI) et l’Union européenne de radiodiffusion (UER).

Les autres participants non signataires de ce texte comprennent des représentants de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l’Europe (ECRI), le Centre européen de monitoring du Racisme et de la Xénophobie (EUMC), l’Association des éditeurs de journaux européens (ENPA), l’Organisation des reporters arabes pour le journalisme d’investigation, le Syndicat danois des journalistes, International Media Support (IMS), le World Editors Forum de l’Association mondiale des journaux, l’UNESCO et des correspondants de presse à Bruxelles


Pour plus d’information: +32 2 235 22 00
La FIJ représente plus de 500,000 journalistes dans plus de 100 pays