Déclaration de Malte des journalistes de la Méditerranée

Les représentants des syndicats et associations de journalistes des pays du pourtour méditerranéen se sont réunis pour la dixième fois, à Malte les 28 et 29 septembre 2007.

Ils ont fait le constat que les déséquilibres entre les pays du nord et ceux du sud ne se résorbent pas, le meilleur exemple en étant fourni par les politiques migratoires et l’adoption, dans certains pays européens, de politiques restrictives qui présentent réfugiés politiques et immigrants comme un danger et des fauteurs de troubles.

De trop nombreux médias européens se font les relais complaisants des politiques tournant le dos aux principes humanitaires les plus élémentaires.

Le rôle des journalistes est de traiter l’information avec suffisamment de recul pour ne pas attiser la haine et, au contraire, pour promouvoir une image digne de l’immigration, n’ignorant pas ses dimensions culturelles, économiques et politiques.

Les délégués appellent les gouvernements à montrer plus de solidarité avec les pays qui sont confrontés aux problèmes migratoires.

Les délégués ont également fait le constat d’une dégradation de la qualité de l’information dans de nombreux pays, du regain de la répression, du retour de la censure, des menaces de mort et des meurtres de journalistes.

Parallèlement, les conditions de travail et le statut social des journalistes se dégradent, avec l’expansion endémique de la précarité, la remise en cause des acquis et des conventions collectives au prétexte, notamment, de l’adaptation aux technologies numériques.

Pour ces raisons, les délégués ont décidé d’engager leurs syndicats et associations à se joindre à la journée du 5 novembre organisée par la Fédération européenne des journalistes (FEJ) pour un journalisme de qualité, sur le thème « Stand Up for Journalism ».

Si les situations dans les différents pays méditerranéens restent contrastées, les délégués ont constaté que l’égalité hommes / femmes ne progresse pas. De même, les médias continuent à se concentrer et à tomber entre les mains de groupes industriels et financiers pour lesquels l’information n’est qu’une source de profits comme les autres et un moyen d’asseoir leur domination idéologique.

Les délégués constatent que leurs actions respectives doivent être relayées dans tous les pays pour se fortifier les unes les autres. La solidarité transfrontalière doit s’accroître, notamment face aux groupes multinationaux.

Les délégués constatent également que le nombre de journalistes poursuivis et condamnés ne cesse d’augmenter.

Pour ces raisons, ils décident d’appeler syndicats et associations méditerranéens à mettre en place un système d’alerte et un processus de solidarité ainsi qu’une circulation plus rapide des informations entre eux.

Ils encouragent les relations bilatérales et souhaitent que le secrétariat de coordination mette à l’étude une série d’actions concrètes, répondant aux souhaits exprimés au cours de la Rencontre de Malte.

La présente déclaration de Malte s’inscrit dans le cadre des déclarations de Milan (1993 et 1995), Zagreb (1997), Florence (1998), Rabat (1999), Athènes (2001), Chypre (2002), Almeria (2005) et Porec, Croatie (2006) et des activités de la Fédération Internationale de Journalistes (FIJ). Elle actualise notamment les déclarations d’Almeria et Porec.

Malte, le 29 septembre 2007