La Coordination Syndicale Haïtienne (CSH) ne peut pas rester indifférente face au climat de violence qui se développe actuellement en Haïti. Bien avant le 30 Septembre 2004, les partisans zélés du régime déchu, à savoir les chimères, ont annoncé clairement qu’ils allaient incendier la ville de Port-au-Prince, bloquer l’école, le service de transport en commun, le commerce alors que le Gouvernement Alexandre-Latortue n’a rien fait pour contrecarrer les plans de ces bandits.
En effet, bien avant le départ d’Aristide le 29 Février 2004, il y avait des armes de guerre de tout calibre en circulation dans le pays. Six (6) mois après, ces armes continuent encore à circuler et sont de plus en plus utilisés par les chimères pour terroriser la population ; situation qui s’inscrit en faux contre la déclaration de l’ex-dictateur qui a confié dans sa lettre de démission qu’il a choisi cette voie pour rétablir le calme en Haïti. Malheureusement, ces partisans ne l’entendaient pas de cette oreille, puisque ce sont eux qui continuent aujourd’hui encore à semer le deuil et à perturber le fonctionnement normal du pays.
Il est évident que le Gouvernement Alexandre-Latortue, depuis son investiture, n’a adopté aucune disposition sérieuse pour initier le processus de désarmement. Contrairement à toute attente, on a même assisté à un renforcement du processus d’armement des chimères par les lavalassiens les plus fortunés. L’impunité bat son plein. En témoigne le cas de nombreux chefs de gangues et de chimères réputés pour être des bandits professionnels qui n’ont jamais été poursuivis par les autorités judiciaires.
En effet, jouissant de l’impunité entretenue par le Gouvernement, les chimères lavalassiens en sont venus aujourd’hui à se considérer comme des individus au dessus de la loi. La Coordination Syndicale Haïtienne prévoyait une telle tournure. Aussi a-t-elle lancé plusieurs appels au Gouvernement pour l’inciter à prendre les dispositions nécessaires en vue de poursuivre et de punir les chefs de gangues conformément à la loi pour éviter qu’ils ne continuent à constituer une menace pour la société et le processus de transition. Hélas ! la situation qui se développe actuellement dans le pays ne fait que confirmer les craintes de la CSH.
La Coordination Syndicale Haïtienne (CSH) se sent profondément indignée devant les nombreux signes de faiblesse que présente ce Gouvernement face aux intrigues des chimères. En matière de sécurité, la population doit se sentir en confiance. Mais, tel n’est le cas aujourd’hui. Aussi, beaucoup de gens se trouvent-ils de nos jours contraints de fermer les portes de leurs business afin de pouvoir échapper aux opérations criminelles orchestrées par des partisans de Lavalas.
Le climat de violence qui tend à se perpétuer depuis quelque temps dans le pays contribue à renforcer le chômage et la misère. Des centaines de travailleurs dont la situation était déjà fort précaire ne peuvent se rendre sur leurs lieux de travail pour gagner de quoi assurer leur survie. Si rien n’est fait par les autorités compétentes pour endiguer les menées subversives et criminelles des lavalassiens, le pays risque de connaître non seulement des jours de deuil mais encore un taux de chômage impressionnant.
La semaine dernière, une délégation de la CSH a failli être victime du climat d’insécurité entretenu par les chimères lavalassiens. En effet, en revenant d’une visite des Gonaïves pour manifester sa solidarité à 600 des leurs victimes de la tempête tropicale Jeanne, la délégation s’est retrouvée sous les feux des bandits lavalassiens. Ne serait-ce l’intelligence des membres de ladite délégation, la CSH aurait une fois de plus pleuré la mort de quelques-uns de ses militants et dirigeants.
Aujourd’hui, de nombreux travailleurs affiliés à la CSH se retrouvent dans une situation très critique. A côté de ceux qui sont aujourd’hui privés de tout, même du strict nécessaire à la survie, suite au passage de la tempête tropicale Jeanne ; il y a toute une kyrielle de travailleurs de la capitale qui ont perdu leur emploi à cause de la fermeture forcée de leurs business consécutive soit à des incendies criminelles, soit à des actes de pillage. Dans divers secteurs d’activités économique, la CSH enregistre les problèmes suivants :
• au niveau du secteur transport, de nombreux conducteurs affiliés ont été dépossédés de leurs véhicules qui sont incendiés par les chimères ;
• la majorité des travailleurs et travailleuses du secteur informel sont contraints de rester chez eux. Ceux qui, au péril de leur vie, parviennent à se rendre sur leurs lieux de travail ne trouvent pas d’acquéreurs pour les biens et services qu’ils sont venus offrir ;
• au niveau du secteur de l’éducation, les enseignants ne peuvent pas se rendre sur leurs lieux de travail sans crainte d’être victimes d’actes de barbarie de la part des criminels lavalassiens.
Aujourd’hui, face à la montée en flèche des chimères dans les quartiers populaires de la capitale notamment, bon nombre de militants de la CSH sont dans le maquis rien que pour avoir participé au mouvement revendicatif qui a renversé la dictature lavalassienne. Devant cette situation délicate, la Coordination Syndicale Haïtienne lance un vibrant appel à la communauté syndicale internationale pour que cette dernière puisse lui venir en aide afin de pouvoir surmonter les nombreuses difficultés de l’heure. En effet, depuis le 30 Septembre dernier, la CSH se trouve contrainte de reporter maintes activités qu’elle a planifié depuis plus d’un mois par crainte de voir l’un de ses dirigeants ou militants tués par les criminels lavalassiens en se risquant à travers les rues pour tenter d’atteindre le local de la Coordination.
L’avenir du mouvement syndical haïtien paraît de plus incertain. En effet, à un moment où la CSH entame des négociations avec certaines institutions du secteur patronal pour voir comment arriver à créer de nouveaux syndicats ou du moins organiser les travailleurs au sein de certaines entreprises de la capitale ; les sanguinaires lavalassiens entretiennent un climat de terreur pour forcer les patrons à fermer leurs portes.
Pour toutes ces raisons, la CSH sollicite une fois de plus l’appui de la communauté syndicale internationale pour l’aider à exercer des pressions sur le Gouvernement en place afin que ce dernier puisse assumer convenablement ses responsabilités dans le domaine de la sécurité, et ce, pour arriver à attirer de nouveaux investissements dans le pays et contribuer à un accroissement de l’emploi.
Carlo NAPOLEON
Secrétaire Générale
