Campagne contre l'impunité 2018

Dans 9 cas sur 10, les crimes contre les journalistes restent impunis. #endimpunity

Passez à l'action

L'impunité couvre les situations dans lesquelles les menaces, agressions et crimes contre les journalistes restent impunis. Il en résulte la peur, l'intimidation, la censure et l'autocensure qui mettent en péril la liberté de la presse, le droit du public de savoir, et laisse les victimes et leurs familles sans défense.

Selon les statistiques de la FIJ, 74 personnes ont déjà perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions depuis le début de l'année. A l'heure actuelle, seul un meurtre de journalistes sur 10 est résolu. La situation est encore pire pour les agressions qui ne sont pas mortelles.

Les gouvernements ont failli à leur devoir de traquer les agresseurs et les meurtriers de travailleurs des médias. 

L'impunité ne met pas seulement en danger les journalistes, elle menace la démocratie et compromet les espoirs de paix et de développement. Il existe des bases légales pour la protection des journalistes en tant que civils que les états ont l'obligation de mettre en place selon le droit national et international (plus d'information ci-dessous). 

Notre campagne #endimpunity 2018 vise à tenir responsables les gouvernements et les gouvernements de facto pour leurs records d'impunité. Elle vise à dénoncer tous les crimes ciblant les journalistes qui restent impunis. Le meurtre est la plus haute forme de ces crimes mais toutes les attaques ciblant les journalistes restant impunies doivent être dénoncées. Ces 6 dernières années, plus de 600 journalistes ont été tués. 74 pour l'année 2018 toujours en cours.  

Tandis que nous ciblons les gouvernements et les gouvernements de facto qui ont échoué à enquêter sur ces crimes, nous mettons un accent spécifique sur cinq pays  : l'Afghanistan, la République Démocratique du Congo (RDC), Malte, le Mexique et le Yémen.

En RDC, les attaques contre la presse ont sévèrement augmenté ces dernières années, notamment depuis la crise politique qui a débuté en 2016. Les journalistes se retrouvent en constante insécurité et sont la cible de violence qui font à peine l'objet d'une enquête et restent généralement impunies. Plusieurs journalistes ont été détenus pour avoir critiqué les personnes au pouvoir. Les correspondants étrangers ont également fait l'objet de nombreux actes d'intimidation. Les élections présidentielles, qui se profilent le 23 décembre prochain, soulèvent de nombreuses inquiétudes pour la sécurité des journalistes, notamment pour ceux qui couvrent les élections. La FIJ, en partenariat avec Wallonie-Bruxelles International, a prévu d'organiser une formation pour les journalistes en RDC sur la couverture des élections.

A Malte depuis le meurtre de la journaliste d'investigation Daphne Caruana Galizia le 16 octobre 2017 lors d'un attentat à la voiture piégé dans la ville de Bidnija, l'impunité demeure en raison de l’absence d'une enquête publique indépendante et de la réticence du gouvernement maltais à passer de manière concrète à l'action. De plus, la liberté de la presse est menacée de manière inquiétante et continue depuis le meurtre de Daphne.

La crise de violence et d'impunité qui règne au Mexique, un pays détenant l'un des records du nombre de crimes contre les journalistes, ne montre aucun signe d'essoufflement. Depuis début 2010, au moins 86 journalistes et travailleurs des médias ont perdu la vie dans l'exercice de leur métier, dont 8 en 2018, dans le contexte général de violence qui frappe le pays depuis le début de la prétendue "guerre contre les drogues". Au delà des assassinats, au moins 26 travailleurs des médias sont portés disparus depuis 2003. Dans des régions comme le Veracruz et l'Oaxaca, la situation est particulièrement désespérée en raison de l’importance de l'infiltration du trafic de drogue au sein des forces de sécurité du pays.

Le haut niveau d'impunité en Afghanistan est à l’origine d’un nombre croissant de menaces et de violences contre les journalistes. La FIJ a enregistré  55 journalistes tués ces dix dernières années, dont 16 en 2018. Le harcèlement des travailleurs des médias vient des autorités, de représentants du gouvernements ou de groupes armés. Aucune poursuite n'est engagée contre les agresseurs des journalistes qui osent critiquer. Les menaces et insultes de la part des officiers de police dans les provinces compromettent la confiance dans une enquête indépendante et juste tout comme elles découragent les journalistes à rapporter les infractions commises à leur encontre.  

Au Yémen, 35 journalistes sont morts depuis 2011, dont 8 en 2018. Les journalistes ont été tués dans des échanges de tirs par les snipers houtis ou durant des bombardements aériens des forces gouvernementales du Yémen soutenues par la coalition menée par l'Arabie Saoudite. Certains ont été tués lors d'assassinats ciblés. La polarisation politique et les menaces directes ont forcé des centaines de journalistes yéménites à fuir leur pays. Plus de 53 journalistes ont été kidnappés ou arrêtés, la plupart par les houtis, après avoir été accusés d'espionnage ou de trahison. Par conséquence, ils font constamment face aux menaces d'être torturés et tués.

Il ne peut y avoir de liberté de la presse quand les journalistes travaillent dans la peur.

Rejoignez dès maintenant la campagne, apportez votre solidarité et votre soutien en appuyant nos activités programmées pour cette année !

Contexte

La journée des Nations Unies pour en finir avec l'impunité pour les crimes contre les journalistes a été adoptée le 18 décembre 2013 et marquera le 2 novembre le cinquième anniversaire des meurtres de deux reporters de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés à Kidal, au Mali en 2013.

Cette journée précède une autre date importante, le 23 novembre, qui commémore le massacre de Maguindanao en 2009 aux Philippines  lorsqu'au moins 32 journalistes ont perdu la vie dans l'attaque la plus meurtrière contre un média.  

Nos activités  

  • Nous collaborons avec nos affiliés sur des campagnes ciblées en Afghanistan, en RDC, à Malte, au Mexique et au Yémen afin de plaider pour la justice et la résolution des cas d'impunité
  • Nous appelons à créer  un instrument international afin d'éradiquer les crimes contre les journalistes
  • Nous tenons les gouvernements et les gouvernements de facto de ces pays responsables pour leur records d'impunité et nous organisons différentes activités autour de cette situation
  • Nous appelons les organisations internationales à prendre position contre l'impunité et à soutenir nos campagnes
  • Nous organisons une couverture médiatique de la problématique de l’impunité
  • Notre 28ème liste des journalistes tués sera présentée début janvier 2019 

Impliquez–vous

  1. Exemple pour Twitter: “Cher(e) Président ou Premier Ministre [ajouter le nom] , en cette journée des @NU contre l'impunité, que faites–vous pour arrêter les violences contre les journalistes en [ajoutez le nom du pays] ? #EndImpunity”
  2. Exemple pour Facebook: “Cher(e) [ajouter Mr/Mme Président ou Mr/Mme Premier Ministre], en cette journée des NU contre l'impunité des crimes ciblant les journalistes, nous vous exhortons à prendre une position publique contre toutes les formes de violence envers les professionnels des médias en [ajouter le nom du pays] et à demander aux services de votre gouvernement d'enquêter sur toutes les attaques contre les journalistes et travailleurs des médias. Merci.” Envoyez-nous ces “posts” que l'on puisse les partager avec la famille FIJ.
  • Envoyez des lettres à votre gouvernement et aux gouvernements des pays ciblés en les tenant responsables de leurs records d'impunité.  Organisez une visite à leur ambassade dans votre pays pour leur remettre la lettre, prenez des photos et diffusez-les diffuser de manière importante, avant de nous les envoyer afin que nous puissions les partager sur nos propres réseaux et vous soutenir.
  • Contactez votre rédaction afin de publier/diffuser des reportages sur l'impunité ce 2 novembre
  • Commémorez le jour spécial contre l'impunité: La journée des NU contre l'impunité des crimes commis contre les journalistes (le 2 novembre).
  • Organisez une marche ou une activité spécifique (conférence, minute de silence, une photo de groupe où vous tenez un poster sur impunité) pour témoignez de votre solidarité. Prenez des photos de ces activités et partagez-les sur vos réseaux sociaux et avec nous.
  • Réalisez une courte vidéo. Si vous connaissez un collègue ou une personne de la famille d'un journaliste tué dans notre pays, nous vous encourageons à leur parler et leur demander de réaliser un message vidéo de deux minutes sur l'importance d'assurer la justice pour leurs proches, que l'on puisse ensuite poster sur le site de la FIJ et partager sur nos réseaux sociaux. Envoyez-les nous : [email protected]

Consultez les textes existants pour combattre l'impunité:

La sécurité des journalistes et le danger de l'impunité, rapport du directeur général de l'UNESCO. Ce rapport, publié tous les deux ans, inclut des informations sur des enquêtes judiciaires de meurtres de journalistes, et les autres mesures que les gouvernements  doivent prendre pour en finir avec l'impunité. Le rapport de 2014 a été préparé suite à la décision sur la sécurité des journalistes  adoptée à la 28ème session du Conseil intergouvernemental IPDC en mars 2012, exhortant les Etats membres à “se conformer aux obligations appropriées du droit international pour la fin de l'impunité ” et  “d'informer le directeur général de l'UNESCO, sur une base volontaire, des actions prises pour empêcher l'impunité des auteurs des crimes et de lui notifier les statuts des enquêtes judiciaires conduites sur chacun des meurtres condamnés par l'UNESCO".

Résolution du Conseil de Sécurité des NU n°1738 (2006): cette résolution condamne les attaques contre les journalistes dans les situations de conflits et exhorte "les Etats et toutes les autres parties d'un conflit armé à faire leur maximum pour prévenir les violations du droit humanitaire international contre les civils, incluant les journalistes, les professionnels des médias et le personnel associé".

Résolution du Conseil de Sécurité des NU n°2222 (2015): exhorte les Etats membres à prendre les mesures appropriées pour assurer la responsabilité des crimes commis contre les travailleurs des médias durant les conflits armés et à appeler toutes les parties d'un conflit armé à se conformer pleinement aux obligations qui leurs sont applicables en droit international, relevant de la protection des civils durant les conflits armés et incluant les journalistes.

Résolution de l'UNESCO n°29 “Condamnation des violences contre les journalistes” adoptée par la Conférence générale de l'UNESCO durant sa 29ème session le 12 novembre 1997, qui appelle les Etats membres à retirer tout statut de limitation des crimes contres des personnes quand ces crimes sont "commis pour empêcher l'exercice de la liberté d'information et d'expression ou quand leur but est l'obstruction de la justice" et qui exhorte les gouvernement à "affiner la législation pour rendre possible de poursuivre et de condamner ceux qui sont à l'origine de de l'assassinat des personnes exerçant le droit à la liberté d'expression".

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