France : la FIJ et la FEJ condamnent les pressions à l’encontre des journalistes d’investigation

(Mis à jour le 15 mai) Trois journalistes français sont convoqués ce mardi 14 mai devant la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) après la publication d’informations confidentielles relatives à l’utilisation d’armes françaises dans la guerre au Yémen. Les Fédérations internationale et européenne des journalistes (FIJ/FEJ) et leurs affiliés en France (SNJ-SNJ-CGT, CFDT) dénoncent une atteinte à la liberté de la presse.

La guerre au Yémen a commencé en 2015. Credit : Mohammed Huwais/AFP.

Les journalistes en question sont les deux fondateurs du média d’investigation Disclose, Mathias Destal et Geoffrey Livolsi, ainsi que Benoît Collombat, membre de la cellule investigation de Radio France.

Ils sont convoqués par les services du renseignement dans le cadre d’une enquête préliminaire du parquet de Paris pour « compromission du secret de la défense nationale ».

En cause, la publication, le 15 avril, d’une note prétendument rédigée par la Direction du renseignement militaire, à l’initiative d’un collectif de médias qui rassemble, outre Disclose et Radio France, Arte, Konbini, Mediapart et The Intercept. Cette note révèle l’utilisation d’armes françaises dans la guerre au Yémen par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, alors que les autorités ont toujours affirmé que cet arsenal n’était pas utilisé sur la ligne de front.

Réunie à Tallin les 9 et 10 mai, l’Assemblée générale de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) a voté à l’unanimité une motion de soutien à Mathias Destal, Geoffroy Livolsi et Benoît Collombat. Elle a estimé que leur convocation avait pour buts implicites de « faire taire les journalistes » et de « connaître [leurs] sources ». Le 25 avril, la FIJ et la FEJ ont déposé une alerte auprès du Conseil de l’Europe.

Le secrétaire général de la FIJ Anthony Bellanger a déclaré : « Nous sommes préoccupés par ces convocations qui constituent des atteintes caractérisées à la liberté de la presse. Les journalistes concernés ont révélé des informations d’intérêt public et les autorités ne doivent pas les intimider pour avoir accès à leurs sources. La FIJ est d’autant plus inquiète qu’elle a déjà mis en garde l’Etat français au sujet de son attitude vis-à-vis des journalistes.»

"Unanimes, les délégués de 49 syndicats et associations de journalistes issus de 36 pays européens ont tenu à dénoncer, vendredi dernier, à Tallinn, les pressions de l'appareil d'Etat français sur ces journalistes d'investigation, ajoute Ricardo Gutiérrez, secrétaire général de la FEJ. Les autorités françaises se grandiraient en mettant immédiatement un terme à ces pressions".

(Mise à jour, 15 mai) Suite à l'audition de Mathias Destal et Geoffroy Livolsi par la DGSI, Disclose a publié un communiqué dénonçant une « tentative d'intimidation pure et simple ». Le média d'investigation a révélé que les deux hommes n'ont pas été entendus comme journalistes et que l'enquête est conduite sous l'autorité de la « section terrorisme et atteinte à la sûreté nationale » du parquet de Paris.

 

 

 

 

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